Instauré il y a maintenant plus de 50 ans, en 1971, le timbre de droit est un système d’une autre époque qui entraîne des irritants majeurs pour les microbrasseries du Québec: coûts, main-d’œuvre, temps, logistique, risques de poursuites.
En 2024, des mécanismes de contrôle beaucoup plus efficaces existent pour lutter contre l’économie souterraine et nous assurer que les bières consommées dans les bars et restaurants du Québec sont acquises légalement, sans imposer ce fardeau inutile aux microbrasseries du Québec.
Modernisons nos lois.
Laissons les brasseurs faire leur travail.
Abolissons le timbre.
En juin 2018, au terme d’un débat ouvert et transparent en commission parlementaire, tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, y compris la Coalition avenir Québec, ont voté en faveur de l’abolition du timbre de droit par l’adoption du projet de loi no 170. Cette abolition devait entrer en vigueur en juin 2020.
Malheureusement, après son arrivée au pouvoir, la CAQ a fait volte-face et a renié son engagement. En catimini, le gouvernement caquiste a passé une loi reportant à une date indéterminée l’abolition du timbre.
Aujourd’hui, les microbrasseries du Québec demandent au gouvernement de la CAQ de respecter sa parole et la volonté de l’Assemblée nationale.
Les microbrasseries du Québec vendent leurs produits dans deux canaux de distribution :
1. La bière pour consommation à domicile (CAD), vendue principalement dans les dépanneurs et les épiceries.
2. La bière pour consommation sur place (CSP), vendue principalement dans les bars et restaurants.
Le cadre réglementaire actuel exige que les microbrasseries apposent un timbre de droit (voir image) sur toutes les bières vendues pour CSP, mais pas sur les bières vendues pour CAD.
À l’origine, le timbre était un outil pour lutter contre l’économie souterraine et la fraude fiscale.
Il y a 10 ans, le gouvernement du Québec a toutefois uniformisé les taxes sur l’alcool afin d’éliminer la distinction qui existait entre les bières vendues en CSP ou en CAD. Les microbrasseries paient maintenant les mêmes taxes sur toutes les bières. Elles possèdent aussi le même permis pour les produire, peu importe leur destination.
En parallèle, pour lutter contre l’économie souterraine, le gouvernement du Québec a rendu obligatoire l’utilisation d’un module d'enregistrement des ventes (MEV) par tous les restaurants et les bars du Québec. Connectés en permanence aux serveurs de Revenu Québec, les MEV enregistrent les transactions dès qu’elles se produisent et conservent leur historique pour des raisons de vérification. Chaque module est équipé d’un sceau de sécurité, ce qui empêche toute fraude potentielle.
Le gouvernement possède donc un moyen efficace, reconnu et utilisé partout pour effectuer des vérifications, assurer la traçabilité des produits et éviter que des bières soient acquises illégalement. S’en remettre à des autocollants apposés à la mitaine est devenu ridicule.
Le timbre de droit a perdu sa raison d’être. Il n’est qu’un irritant, sans valeur ajoutée.
En 2024, timbrer des bières, c’est timbré!
Q : Est-ce que tous les produits alcoolisés qu’on retrouve dans les bars ou les restaurants sont timbrés ?
R : Non. Les barils de fût n’ont pas l’obligation d’être timbrés, de même que les cidres de moins de 7% provenant de titulaires de permis industriels de producteurs de cidre. C’est l’une des nombreuses incohérences de la loi actuelle.
Par ailleurs, si on ajoute à l’équation les bières vendues pour la consommation à domicile (CAD), c’est 90 % de la bière vendue au Québec qui n’est pas « timbrée ». Cela confirme que le timbre n’est pas nécessaire pour assurer un contrôle efficace de la vente d’alcool.
Q : Contrairement aux microbrasseries, les grandes multinationales de l’industrie brassicole s’opposent à l’abolition du timbre. Qu’est-ce qui explique cette différence de point de vue?
R : C’est connu, les grands brasseurs ont deux listes de prix : ils vendent leurs produits beaucoup plus chers aux bars et aux restaurants (CSP) qu’aux épiceries et aux dépanneurs (CAD). Ce n’est pas le cas des microbrasseries, qui vendent généralement leurs produits au même prix, peu importe le lieu de consommation. Aux yeux des grands brasseurs, le timbre devient donc un outil pour assurer le respect de cette structure de prix et les profits qui en découlent.
Considérant la taille de ces entreprises multinationales, les grands brasseurs peuvent d’ailleurs beaucoup plus facilement absorber les coûts et relever les défis logistiques reliés au système de marquage. Bref, pour elles, le timbre présente des irritants mineurs, mais des avantages pécuniaires certains. En revanche, autant les microbrasseries que les restaurateurs et les consommateurs perdent au change.
À notre sens, les microbrasseries du Québec – des PME qui font rouler l’économie et dynamisent la vie de toutes nos régions – ne devraient pas faire les frais de ces intérêts commerciaux.
Q : Est-ce qu’on retrouve des timbres ailleurs au Canada ?
R : Non. Le Québec est la seule province à utiliser un système de timbre pour les boissons alcooliques vendues en CSP.
Q : Le timbre n’est-il pas un bon moyen de contrer l’économie souterraine ?
R : Depuis 2011, le gouvernement du Québec a rendu obligatoire l’utilisation d’un module d'enregistrement des ventes (MEV) par tous les restaurants et les bars du Québec. Connectés en permanence aux serveurs de Revenu Québec, les MEV enregistrent les transactions dès qu’elles se produisent et conservent leur historique pour des raisons de vérification. Chaque module est équipé d’un sceau de sécurité, ce qui empêche toute fraude potentielle.
Le gouvernement possède donc un moyen efficace, reconnu et utilisé partout pour effectuer des vérifications, assurer la traçabilité des produits et éviter que des bières soient acquises illégalement. Dans les circonstances, s’en remettre à des autocollants apposés à la mitaine est devenu ridicule.
Q : Si je retrouve une canette ou une bouteille dans un bar ou un restaurant qui n’a pas de timbre, est-ce dire qu’elle a été acquise illégalement ?
R : Il existe différentes méthodes de marquage de la bière qui sont autorisées par la loi. Par exemple, il est permis de l’indiquer directement sur l’étiquette ou encore avec de l’encre sur le contenant lors de la mise en canette. Certaines microbrasseries ont investi et adopté de telles méthodes de marquage pour éviter d’apposer des timbres « à la mitaine ». Néanmoins, elles sont confrontées au même défi logistique d’avoir deux catégories de bière, ce qui nécessite le maintien de deux inventaires, entraîne des coûts, etc.
Q : Est-ce que timbrer toutes les bières pourrait être une avenue ?
R : Les microbrasseries ne sont pas en défaveur d’une solution qui viserait à timbrer 100% de ce qui est produit, nonobstant la destination de la bière. Ce marquage pourrait être intégré aux étiquettes. Ce qui n’est pas viable et qui entraîne des irritants majeurs pour les microbrasseries, c’est d’avoir deux catégories de bières, sans raison pour le justifier.